Le mois dernier, nous avons vu dans le dictionnaire que le mot „libre“ est défini comme le fait de ne pas être soumis à une ou plusieurs contraintes externes.
Le mot „jeu“ est défini comme une activité pensée pour divertir, sans créer aucune richesse nouvelle.
En fait nous aurions peut être dû appeler ça autrement.
Plutôt que de parler de jeu, pourquoi ne parlerions nous pas d'activité libre de l'enfant?
Et comme son activité est libre, c'est à dire „pas soumise à une ou plusieurs contraintes externes.“, nous laissons à l'enfant le temps, l'espace pour qu'il enrichisse ses expériences.
Il enrichira ses connaissances progressivement à la rencontre de son environnement.
Le bébé ne fait pas rien. Il fait des expériences sérieuses, Vous vous rappelez?
Le jeu libre
Le mois dernier, nous avons vu dans le dictionnaire que le mot „libre“ est défini comme le fait de ne pas être soumis à une ou plusieurs contraintes externes.
Le mot „jeu“ est défini comme une activité pensée pour divertir, sans créer aucune richesse nouvelle.
En fait nous aurions peut être dû appeler ça autrement.
Plutôt que de parler de jeu, pourquoi ne parlerions nous pas d'activité libre de l'enfant?
Et comme son activité est libre, c'est à dire „pas soumise à une ou plusieurs contraintes externes“, nous laissons à l'enfant le temps, l'espace pour qu'il enrichisse ses expériences.
Il enrichira ses connaissances progressivement à la rencontre de son environnement.
Le bébé ne fait pas rien. Il fait des expériences sérieuses, Vous vous rappelez?
En déplacement professionnel, pour écrire notre article d'aujourd'hui, je m'étais installée à la terrasse d'une brasserie dont le nom est „Au bon sens“.
Ca me correspond tellement! Chercher constamment la logique, le juste sens dans ce que chacun d'entre nous traverse dans son individualité! Ici avec l'enfant.
Si vous ne l'avez pas encore fait je vous invite à aller lire notre rendez-vous sur La motricité Libre. Il s'agit du premier épisode d'une série de trois épisodes qui s'inspirent de la pédagogie d'Emmi Pikler.
Aujourd'hui, pour le deuxième épisode, je vais vous parler d'un sujet peu discuté: le Jeu libre.
Le mois dernier, nous avons vu dans le dictionnaire que le mot „libre“ est défini comme le fait de ne pas être soumis à une ou plusieurs contraintes externes.
Et c'est là que je ne vais pas être d'accord avec le dictionnaire parce que pour lui, le mot „jeu“ est défini comme une activité pensée pour divertir, sans créer aucune richesse nouvelle.
Bon en fait c'est peut être nous qui aurions dû appeler ça autrement.
Plutôt que de parler de jeu, pourquoi ne parlerions nous pas d'activité libre de l'enfant?
Et comme son activité est libre, c'est à dire „pas soumise à une ou plusieurs contraintes externes.“ dixit Monsieur le dictionnaire, nous laissons à l'enfant le temps, l'espace pour qu'il enrichisse ses expériences.
Il enrichira ses connaissances progressivement à la rencontre de son environnement. C'est à travers son activité que l'enfant apprendra les limites, les contraintes des objets qui l'entourent.
Par exemple s'il veut mettre un objet dans un contenant, si cet objet est plus gros que la boîte dans laquelle il souhaite le mettre, il éprouvera la contrainte de la taille de cet objet qui ne peut entrer dans la boîte trop petite pour le contenir.
Le bébé ne fait pas rien. Il fait des expériences sérieuses, Vous vous rappelez?
Alors on est d'accord, si je pars du principe qu'un enfant qui / j'ouvre les guillemets „joue“ fermez les guillemets, il ne fait pas une activité pour se divertir, sans enrichir son expérience. Bien au contraire! L'enfant ne joue pas sans intérêt. Il travaille à grandir.
Comment organiser l'activité libre de l'enfant?
Nous avons vu qu'en motricité libre, l'adulte va intervenir indirectement sur l'environnement de l'enfant qui est habillé confortablement.
Il va veiller à l'aménagement d'un environnement adapté à ses capacités, espace qui évoluera progressivement au fur et à mesure que l'enfant grandit.
Je vais faire attention à la complexité du jeu que je mets à sa disposition:
Les pédagogues s'accordent à dire que „Plus le jouet est simple, plus il laisse la place à l'imaginaire de l'enfant ainsi qu'à sa créativité.“ (Rudolf Steiner)
Je pense qu'on s'est tous dit à un moment qu'il aurait mieux valu acheter le carton que le jouet qu'il y a à l'intérieur!
Plus le jouet est compliqué, moins il favorise le processus d'imagination et de créativité. Et surtout, si le jouet est trop chargé en couleurs et musiques, l'enfant n'arrive pas à investir le jeu de manière constructive. Il déborde d'informations à traiter.
Par exemple, les tableaux d'activités électroniques qui font des bruits soudains, à peine l'enfant appuie sur un bouton, peuvent détourner l'attention de l'enfant qui était en train peut être de découvrir la texture de ce bouton. Son jeu est alors dérangé, interrompu par d'autres stimulations. Il devient passif plus qu'actif dans son jeu. D'ailleurs ces jeux là, en général, nous aussi nous préférons les voir ailleurs que dans nos salons, ou ne pas les voir du tout...
Je vous en ai parlé le mois dernier, avant de se tourner vers le monde et donc les objets qui l'entourent, le nourrisson commence par découvrir son propre corps. Il s'apprivoise, il intègre ses capacités motrices. Couché sur le dos, le bébé va commencer par faire des mouvements par hasard puis avec intention. Par hasard, il va toucher un objet que vous aurez mis à côté de lui, pour ensuite le prendre avec intention dans l'exercice de ses capacités motrices du moment. Il va découvrir ces objets avec sa bouche, ses mains, ses yeux...
Si je présente à un nouveau né un hochet qui fait du bruit avec une petite bille au centre, il n'est pas encore en mesure de comprendre que le son vient du hochet. Il va d'abord vivre l'expérience d'avoir un objet dans les mains. Le toucher, le regarder, le sentir, le goûter, le tourner, le passer d'une main à une autre... Il éprouvera son action sur le jouet, puis plus tard sur la bille qui est dans le hochet et ensuite sur le son qui est provoqué par le mouvement du jouet.
Un autre exemple: Pourquoi dit-on que le mobile ou le portique n'est pas très apprécié par certains d'entre nous?
Le bébé, pour découvrir le monde, a besoin de manipuler les objets à pleine main et j'irais même jusqu'à dire à pleine bouche. Comme les objets sont accrochés, l'enfant ne peut pas les découvrir de manière autonome et constructive. En plus, quand il arrive enfin à attraper un objet, il peut faire l'expérience s'il le lâche de la chute de cet objet, donc de la loi de la gravité. Accroché, cette expérience est impossible. Il peut ressentir de la frustration à ne pas savoir manipuler l'objet comme il le souhaite.
Et sur le plan de la motricité, étant donné que les objets suspendus sont juste au dessus de son petit corps, hypnotisé, le bébé prend moins de temps et de plaisir à découvrir ses mains. Il fait moins l'exercice d'accommodation avec ses yeux étant donné qu'un objet est positionné en plein dans son champs visuel. C'est à dire qu'il s'entraine moins à regarder de près puis de loin puis de près puis de loin.
Le bébé qui n'est pas encore en mesure de se déplacer, risque de beaucoup solliciter l'adulte pour aller lui chercher les objets roulants, qui se sauvent facilement de sa main. Ici aussi, comme le mois dernier, on peut alors se demander qui de l'adulte ou de l'enfant est dépendant de l'autre.
Amusez vous aussi à peser les jeux de vos enfants! Vous verrez, Sophie la girafe est bien lourde pour les petits biscoteaux de bébé. 46 grammes!
Au début, donnez lui des objets jusqu'à 20 grammes pour éviter la fatigue musculaire de ses mains et de ses bras.
Les objets à mettre alors à disposition du bébé qui ne se déplace pas encore seront: des anneaux, des carrés de tissus, des petites peluches.
Mettez seulement deux ou trois objets à sa droite et à sa gauche. Je vais vous expliquer juste après pourquoi nous faisons attention à ne pas mettre trop de jeux à disposition du jeune enfant.
Le bébé va grandir et commencer ses premiers déplacements. Ses jeux vont se complexifier, il comprendra de plus en plus de chose en faisant de plus en plus de lien entre les évènements qu'il expérimente dans son jeu.
Par exemple, il a compris dans l'étape précédente qu'avec son intention, son initiative, il peut agir sur l'objet qu'il a dans sa main. Maintenant, si je lui donne le hochet sonore, il sera en mesure de comprendre que la bille qu'il voit dans le hochet est à l'origine du son qu'il provoque en bougeant sa main.
Il pourra commencer à jouer avec des contenants, des boîtes, des corbeilles, des paniers, des objets plus lourds et des objets qui roulent...
Pour les enfants qui marchent, ils continuent à découvrir leurs capacités motrices et leur interaction avec le monde. Ils expérimentent de plus en plus les possibilités de leur jeu. Ils éprouvent leur créativité dans leur activité libre et autonome. Nous pouvons mettre à leur disposition des éléments de dînette, des seaux et paniers, objets à pousser ou à tirer, à enfiler, à encastrer, à construire etc...
Pour plus de détails, je vous suggère le livre „L'activité libre du jeune enfant“ un guide super clair et efficace pour choisir les jeux à mettre à disposition de vos enfants.
Si jamais votre meilleure amie ou votre belle mère vous a offert le dernier mobile, portique ou tapis d'éveil trop mignon d'une grande marque de puériculture, ne le jetez pas. Si vous avez une âme bricoleuse, détachez les petits objets pour les donner directement à vos enfants, et sinon gardez-les pour que vos enfants plus grands s'amusent avec quand ils joueront à décorer leur cabane avec le mobile et le tapis par exemple.
L'autre fois, une petite fille a pris l'initiative de s'asseoir dans un transat, à l'origine vendu par les industries de puériculture à destination des bébés. Elle a détourné cet objet pour en trouver son utilité dans son jeu. Elle a peut être vu ses parents prendre le soleil, assis sur leurs transats de jardin.
J'ai dis que le jeune enfant découvre le monde à pleine bouche. Il sent qu'un objet est froid, chaud, doux, rugueux, mou, dur... Pour lui permettre de vivre une expérience complète dans son activité libre, proposons à l'enfant un espace où il peut poser sa tétine le temps de son jeu.
Pour récapituler, dans la complexité des jeux, faisons donc attention à ce que le jeu du jeune enfant soit adapté à ses compétences du moment. Que l'enfant puisse le manipuler librement dans ses déplacements autonomes.
Je vais faire attention aussi à la quantité de jeux que je mets à sa disposition. Un peu comme pour la complexité, si l'enfant a trop de jouets à sa disposition, il est noyé dans un trop plein d'informations. Vous l'avez certainement remarqué, c'est souvent là qu'on voit les enfants, comme dans les dessins animés, vous savez quand le personnage cherche quelque chose et vide toute la malle, sans regarder où ils balancent tous ces objets.
Ensuite l'enfant laisse l'espace de jeu comme ça, une montagne d'objets près du coffre vide, sans avoir investi aucun jouet. Et c'est là qu'on se dit, la tête dans les mains, l'ouragan est passé!
Donc, il vaut mieux avoir un espace de jeux trop vide que trop plein, pour permettre à l'enfant de faire fonctionner ses capacités de créativité et d'imagination dans son activité libre.
En plus, si l'enfant a des compagnons, cette organisation influencera sa capacité à entrer dans une démarche de coopération et donc de se socialiser par le biais de son jeu.
Si vous êtes en compagnie de plusieurs enfants, n'hésitez surtout pas à avoir la même quantité de jeux que d'enfants. Nous avons pu observer que cette astuce peu aider à diminuer les situations conflictuelles entre les enfants.
La notion de partage s'acquièrt progressivement entre 2 et 4 ans. On peut observer que les enfants jouent les uns à côté des autres aux mêmes jeux, pour ensuite interagir progressivement jusqu'à collaborer complètement.
À deux ans, un enfant me donne une moto. Il regarde de temps en temps ce que je fais et me demande de faire ce qu'il veut. Il n'adhère pas encore complètement aux idées de scénarios que je lui offre. C'est son jeu, son scénario. Et quand il a décidé de me retirer sa moto il le fait pour son jeu.
Les jeux de coopération, de société arrivent souvent à partir de 3 ans et ont des règles très simples pour s'adapter aux capacités de l'enfant.
Partager n'est pas une démarche évidente pour l'enfant. Moi aussi d'ailleurs, j'ai parfois du mal à partager!
En tout cas, quand ils ont un jeu entre les mains, il serait dommage qu'un autre enfant vienne le lui arracher des mains. Avec cette astuce on peut tenter d'éviter que l'enfant qui joue ne soit interrompu par un enfant qui veut son jeu, puisqu'il a le même à côté. Alors l'enfant qui joue peut aller jusqu'au bout de son activité sans être distrait, interrompu dans son jeu, sa pensée.
Je vais également faire attention à la constance des jeux dans l'espace de l'enfant: Laissez ces jeux dans l'espace jusqu'à ce qu'il les ait entièrement investis.
Si possible, disposez-les toujours au même endroit pour que l'enfant puisse les retrouver facilement. D'ailleurs, le fait de mettre ses jeux dans un espace de rangement classifié, constant et identifiable, aide l'enfant à s'orienter et organiser son espace, à savoir où ranger ses jeux. Vous savez, comme nous, il a le souci de l'ordre. Il pourra faire preuve de concentration, persévérer et faire des liens dans ses expériences en allant jusqu'au bout des choses et de sa pensée. Il faut quelques semaines à quelques mois pour que l'enfant fasse le tour d'un nouveau jouet.
Dans le déroulement de l'activité libre de l'enfant, j'essaie d'être prévisible pour que l'enfant soit prêt à quitter son travail sans difficulté. „Après avoir plié le linge, nous allons changer ta couche!“
Pour les enfants plus grands, nous pourrions introduire la notion de temps. „Dans 5 minutes nous passons à table.“ Qu'est-ce que c'est comique quand ils nous répondent „Non! Trois?“
„Ah oui? Bon d'accord! Trois minutes." Une occasion qu'ils nous donnent à se responsabiliser, être acteur de ce qui les concerne.
Et si la notion du temps est toujours difficile, je trouve que le sablier aide bien l'enfant à finir son activité pour ensuite faire ce qu'on lui demande.
Pour accompagner l'activité et la motricité libre de l'enfant, notre observation, notre regard est sans aucun doute notre outil principal. Il mériterait un rendez-vous rien qu'à lui.
Dans une société productiviste, l'observation me permet de voir l'impalpable. Voir les résultats semaine après semaine, jour après jour et parfois même minute après minute des nouvelles compétences de l'enfant. J'observe l'intérêt que l'enfant a à jouer, comment il joue et en quoi tel ou tel jeu éveille son expérience, son activité. Je tente de regarder la scène qui s'offre à moi avec neutralité. Cela m'aide à freiner mes pulsions, à ne pas intervenir directement dans ce qui se passe et à prendre un peu de distance avant d'interrompre l'activité de l'enfant qu'il soit seul ou non.
Nous adultes, ne faisons pas rien vous vous rappelez ? Nous savons où diriger notre attention et notre regard dans un but pédagogique. Tous cela nous le faisons sérieusement dans l'intérêt des besoins fondamentaux de l'enfant. C'est d'ailleurs l'observation qui nous permet d'adapter le plus justement possible l'espace de jeu aux capacités de l'enfant.
Et là vient la confiance que j'ai en moi dans le temps et l'espace que j'offre à cette scène.
La confiance que j'offre à cet enfant.
La confiance qui naîtra en lui.
A travers mon attitude et aussi mes mots encourageants et rassurants, je partage avec cet enfant sa prise d'initiative, sa persévérance lorsqu'il n'y parvient pas de suite, la joie de ses progrès, ses réussites et l'appréciation de ce qu'il sait déjà faire.
Parce qu'à travers cette activité, nous serons tous témoins qu'il est à l'origine de ses capacités. Alors, il vit ce sentiment unique d'être un enfant capable, créatif; engagé sur la voie de l' autonomie, de la liberté et de la responsabilité. Quelle joie!
Il manque une dernière chose, une des conditions au bon déroulement de l'activité et/ ou de la motricité libre de l'enfant. Le fil rouge de la pédagogie. Il s'agit de la manière dont nous allons prendre soin de cet enfant pour lui offrir l'affirmation, la confiance et l'estime dans son expérience libre et autonome. Je vous invite à en parler le 1er Septembre prochain pour clôturer cette série de trois épisodes inspirée de l'approche d'Emmi Pikler.
J'aimerais aujourd'hui remercier mes collègues du Lieu d'Accueil Enfants Parents Le Tapis à Pois pour leur générosité et leur soutien. Le LAEP est une bulle d'oxygène. Un univers où enfants, parents, et professionnels se retrouvent dans un espace accueillant, anonyme et libre. Je me régale à voir les enfants interagir avec leurs parents à qui l'on apporte notre soutien s'ils le sollicitent. Et ensuite viser l'amélioration de l'accueil que nous réservons aux familles en réunion d'équipe.
Si vous avez aimé notre rendez vous, je serai heureuse de le rallonger avec vous. C'est avec vous que nous en parlerons le mieux. Vous pouvez aussi partager le lien de notre rendez-vous.
"A l'enfant qui vit, à l'adulte qui réfléchit."
Inspirations bibliographiques:
-Grandir autonome, Emmi Pikler avec Anna Tardos, éditions érès
-L'activité libre du jeune enfant, Jouets, objets et jeux à proposer de la naissance à trois ans, Association Pikler Loczy, éditions Elsevier Masson
Comments